De l’inédit, une polémique et une bourde : récapitulatif de l’actualité des médias de la semaine

Plus que de simples diffuseurs, les médias sont de véritables acteurs de l’information et font régulièrement les gros titres, dont nous vous offrons une sélection chaque jeudi. Retour sur l’actu médiatique du 9 au 16 mars.

La presse fait campagne

Grande première dans l’actualité des médias cette semaine : la presse s’unit pour lancer une campagne de publicité inédite.

L’ACPM (Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias), coordinatrice de l’opération, a annoncé le lundi 13 mars le lancement d’une campagne visant à défendre la pertinence de la presse, à la fois pour le grand public et pour les annonceurs.

Baptisée #DemainLaPresse, l’opération a déjà son propre hashtag sur Twitter et fera ses premiers pas le vendredi 17 mars, avec la mise en ligne du site demainlapresse.com. Destinée à sensibiliser les internautes aux mutations actuelles de la presse, cette campagne mise sur l’interactivité et invite ainsi les utilisateurs à échanger sur le sujet.

La presse papier n’est pas le seul objet de cette campagne. Si près de 900 titres de PQR (Presse Quotidienne Régionale), PQN (Presse Quotidienne Nationale) et magazines sont concernés, leurs déclinaisons web le sont aussi. Physiques ou virtuelles, à partir du 21 mars, les pages de ces publications interpelleront les lecteurs avec une question pour le moins surprenante.

« Où lirez-vous la presse quand les smartphones, les ordinateurs et les tablettes auront disparu ? »

OLVLP

Crédit : Le Monde

Consciente que le supposé déclin de la presse papier s’accompagne d’une baisse du financement de la part des annonceurs, DemainLaPresse prépare également un argumentaire destiné directement aux publicitaires.

L’ACPM souhaite alors « montrer que la presse ça marche et qu’il n’y a pas que le digital », indique Nicolas Cour, directeur de l’organisation. De cette manière, elle espère redonner un coup de fouet aux investissements indispensables aux entreprises de presse, à l’heure ou les coupes budgétaires et les plans de licenciements se font de plus en plus nombreux.

France 2 déprogramme à la dernière minute les humoristes Thomas VDB et Mathieu Madénian

Le lundi 13 mars devait marquer le lancement d’une nouvelle pastille pour l’après-20h de France 2. Les sketchs de Thomas VDB et Mathieu Madénian n’ont apparemment pas plu à la direction de la chaîne, qui a annulé in extremis la diffusion du programme.

Deux heures avant, la page Facebook de France 2 annonçait encore le lancement de cette nouvelle émission après le JT de David Pujadas… jusqu’à ce que Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, en décide autrement. Dans un communiqué officiel, France 2 justifie sa décision en invoquant des formats « livrés assez tardivement », nécessitant alors « des ajustements. »

Selon le site spécialisé Ozap, certains membres de l’équipe de tournage évoquent plutôt le contenu politique des sketchs.

« Delphine Ernotte, qui ne connaissait pas le programme et ne l’avait jamais vu, a mis son veto après visionnage du premier numéro. Elle ne veut pas de problème quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle. »

Dans une vidéo cinglante en réponse à la présidente de France Télévisions, les humoristes reprennent cette version. « On comprend Delphine Ernotte, on a fait quand même 120 sketchs sur Actuality, il y en a 90 qui parlaient de politique. Apparemment, Delphine ne s’en était pas rendu compte. Elle ne les a pas vus, elle ne doit pas regarder sa chaîne », lâche Mathieu Madénian.

Entre septembre 2016 et mars 2017, les deux humoristes ont en effet réalisé des sketchs diffusés quotidiennement dans AcTualiTy, désormais déprogrammé sur France 2. Pour cette nouvelle case, la chaîne a commandé 80 épisodes du Message de VDB et Madénian. Les trois premiers, déjà tournés, avaient d’ailleurs été validés par Xavier Couture, directeur des programmes et Caroline Got, directrice de France 2.

Face aux doutes quant aux raisons officielles de la déprogrammation, Delphine Ernotte a fini par répliquer sèchement à la vidéo sur Twitter.

Alors question de timing, goûts personnels ou simple censure ? Affaire à suivre.

De faux articles publiés sur la Voix du Nord : « une malencontreuse erreur »

Dans la soirée du vendredi 10 mars, de faux articles ont été brièvement mis en ligne sur le site de La Voix du Nord. Deux d’entre eux ont été repérés par le journaliste Hugo Clément, qui a immédiatement tweeté, captures d’écran à l’appui.

Sur un ton satirique, le premier est une allusion à peine voilée à la consanguinité, cliché ancien qui ne cesse de ternir l’image du nord de la France.

 Le second surfe sur la vague des affaires dans lesquelles François Fillon est embourbé depuis fin janvier, et prend des allures d’article racoleur digne de la presse people.

Dix minutes après leur mise en ligne, le journal a supprimé les articles en question et s’est expliqué sur Twitter. Il privilégie en premier lieu la piste du hacking, en évoquant « des actes malveillants ».

Dans un communiqué officiel diffusé le dimanche 12 mars, La Voix du Nord livre une nouvelle version des faits. Il s’agit en réalité d’une « malencontreuse erreur ».

« Il est apparu par la suite que ces articles, rédigés à blanc, pendant une formation, ont été publiés par erreur et bien sûr retirés dès que nous avons appris leur existence. La rédaction en chef présente à nos internautes ses excuses. »

Cette déclaration corrobore les informations obtenues par Le Monde, selon lesquelles les journalistes de La Voix du Nord eux-mêmes sont à l’origine de la rédaction de ces articles. Simple plaisanterie, les brouillons se sont malheureusement retrouvés sur la page d’accueil du site après un bug ou une erreur d’adressage dans le système éditorial.

Selon des sources internes au quotidien, la direction n’a pas apprécié cette erreur des journalistes, dont la maladresse entâche la crédibilité et le sérieux de la publication. S’ils ont pu faire sourire, ces articles dignes du Gorafi ou de Nordpresse ont pourtant été rédigés lors d’une séance de formation, dans le cadre d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui intervient après l’annonce de 178 licenciements à venir.